Il est habituel et naturel que les mères primipares aient des doutes, des peurs et pensent qu’elles ne s’y prennent pas bien, car dès le moment où l’on désire être mère, diverses attentes sont placées à la fois dans la manière d’élever les enfants et dans sa propre efficacité à résoudre les situations adverses. L’entourage s’attend à une mère heureuse, capable de résoudre adéquatement et de la manière la plus efficace les conflits émergents, tout en répondant aux besoins fondamentaux du nourrisson. On attend des mères qu’elles répondent aux attentes idéales de ce rôle et qu’elles l’intériorisent immédiatement. Au contraire, elles seront questionnées, isolées, stigmatisées et montrées du doigt de diverses manières, augmentant ainsi un sentiment de culpabilité pour ne pas suivre les schémas socialement imposés.

Se heurter à la réalité, rompre avec ses propres attentes et ne pas savoir résoudre diverses situations qui sont nouvelles pour toute mère primipare peut générer à l’échelle individuelle des troubles de l’état émotionnel comme l’anxiété ou la dépression, interférant avec le lien et la relation avec le nouveau-né et augmentant la pression sociale. Malheureusement, l’évocation constante de messages contradictoires génère des doutes, des peurs et des angoisses autour de la maternité, devenant un motif de consultation fréquent dans les cabinets des professionnels de la santé mentale.

Être mère est un processus de croissance et de développement constant : on apprend, on désapprend, on transforme, on simule et on écarte des façons de penser ou d’agir qui ne nous conviennent pas. Être mère va au-delà d’un état gestationnel et de l’éducation des enfants. Cela implique d’être cohérente avec la nouvelle identité maternelle sans oublier ses propres désirs en tant que femme et individu.

SÍLVIA PALAU GARCIA
Psychologue périnatale et experte en thérapie de couple et en sexologie clinique